Péril sur la démarche scientifique…
Nous sommes des enfants gâtés vivant à une époque où l’espérance de vie atteint des niveaux inattendus, grâce aux découvertes et aux technologies nouvelles. Et cependant, une partie de la population, angoissée, a récemment renversé les bases même de la connaissance scientifique.
La démarche scientifique qui a prévalu jusqu’à un passé récent résidait dans la recherche de causes à des effets observés. La science commence avec l’observation, et cherche la cause (ou détermine la causalité) dans des phénomènes naturels, éventuellement prédits par les astres. La recherche de la causalité est un objectif complexe mais qui est à l’origine de la plupart des découvertes scientifiques en général, et médicales en particulier, depuis le XIXe siècle.
Or, l’époque actuelle s’inscrit, pour certains, dans la démarche inverse. Il est postulé que quelque chose de créé par l’homme (chimie, radiations, biologie…) est a priori mauvais, et il s’agit ensuite de découvrir ce qu’il provoque de dangereux.
De cette démarche nouvelle, le principe de précaution est la première étape, qui interdit l’usage des nouveautés aux risques inconnus et en empêche la connaissance. Certains, dans l’objectif de montrer la dangerosité des inventions humaines, accumulent des données faussement scientifiques pour le prouver. Cela a concerné l’aspartame ou les OGM. Malheureusement, l’Organisation mondiale de la santé, bien souvent, renchérit par des rapports ineptes aux titres trompeurs. Des rapports visant par exemple à «démontrer» le rôle croissant de la pollution dans la mortalité, alors que l’espérance de vie ne fait que progresser, en particulier dans les grandes villes. On y mélange gaillardement pneumonies et gastro-entérites (d’origine infectieuse), suicides, accidents de la route !
En fait, cette mode constitue un retour de la culpabilité de l’homme-démiurge qui touche à l’oeuvre divine, déjà décrite sous une forme dans la Bible, avec le Déluge, la tour de Babel ou les plaies d’Egypte !
Les Echos – 12 juin 2017