Les mouvements actuels visant à décoloniser la science reprochent à celle-ci d’être occidentale. Or, par essence, la science n’a pas de nationalité.
On entend souvent l’expression « science occidentale », et un exemple précis me semble en illustrer la dimension problématique. En 2016 est né chez des étudiants d’Afrique du Sud un mouvement surnommé « science must fall ». Il considère que la science ayant été surtout le fruit de travaux menés par des savants provenant de pays impérialistes et colonisateurs, elle est « occidentale » et doit être remplacée par une science « décolonisée ». Cette idée – depuis reprise par d’autres – est cependant ambiguë.
Dans sa forme bénigne, elle rappelle simplement que la formation de scientifiques autochtones devrait mener à étudier des problèmes répondant mieux aux besoins locaux et non à ceux des métropoles des pays colonisateurs, et faire connaître et reconnaître les apports des peuples autochtones aux sciences. En revanche, à l’instar du mouvement étudiant cité, les partisans de sa forme plus radicale invoquent des « connaissances africaines » et réclament plutôt une autre sorte de science, fondée sur un autre « mode de connaissance ». Tout en peinant à préciser les caractéristiques ontologiques et épistémologiques de cette « autre » science – qui ne serait pas, bien sûr, une « pseudoscience ».
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