Le physicien français, spécialiste de l’instantané, sera présent au Paris-Saclay Summit le 29 février. Il nous raconte ce qui a changé depuis son Nobel.
Une poignée de main ferme et franche avant d’atterrir dans un havre de paix, tapissé d’albums de John Coltrane comme de livres de Joseph Conrad et de Jack Kerouac. Quand on pose les yeux sur la table basse, on se retrouve face à The Pole, « le Polonais », le livre du romancier sud-africain J. M. Coetzee. « Cela me fait penser au rasoir d’Ockham, il raconte les choses sans fioriture », confie Pierre Agostini. Ce qui frappe lorsqu’on le rencontre pour la première fois dans son appartement parisien, c’est son extraordinaire simplicité. « À l’université de l’Ohio, où je continue d’enseigner comme professeur émérite, on m’a dit que j’étais un dieu. Or, dans ma vie, rien n’a changé, explique le scientifique de 82 ans, qui paraphrase volontiers une citation de Pierre Dac. L’avenir, il est derrière moi. »
Et pourtant, il y a tout juste cinq mois, il a reçu le prix Nobel de physique. Le champ d’observation de celui qui interviendra le 29 février au Paris-Saclay Summit ? Avec la Française Anne L’Huillier et l’Austro-Hongrois Ferenc Krausz, ses deux corécipiendaires, ce chercheur, qui a passé une grande partie de sa carrière au Commissariat de l’énergie atomique (CEA), s’est mis en tête de percer les secrets de l’infiniment petit. Et s’est notamment penché sur les électrons, qui, gravitant autour des noyaux, forment les atomes. Pour cela, les chercheurs ont bombardé ces électrons avec des photons, avec des impulsions de durée de plus en plus courte, la dernière frontière étant l’attoseconde, soit 10-18 seconde.