Retour sur la Journée Nationale de l’Ingénieur JNI 2024 d’IESF-Alsace

C’est dans ce cadre que IESF-Alsace a organisé 2 évènements en parallèle le Mercredi 13 mars 2024 en partenariat avec Alsace Tech et 7 associations d’Alumni (Amicale Chimie Mulhouse, Anciens Ensisa, Unicnam, Arts @ Métiers Alumni, Arts & Industries, Intermines-Alsace, Anciens Elèves Telecom Physique et l’association Actoe (emploi Alsace).

L’événement a eu lieu à la fois à l’ ESBS au Pole API d’Illkirch et à l’ ENSCMu au Campus Illberg de Mulhouse (conférence retransmise par video)

De 12h30 à 13h30 Conférence :

Thème : « Devenir ingénieur, un parcours codé dès l’enfance ou un choix ? » par Samah Karaki, docteure en neurosciences

Samah Karaki

Longtemps, le cerveau était considéré comme un organe statique qui se développe et se structure dans l’enfance, puis cesse de se développer après l’âge adulte. Aujourd’hui, on sait que le cerveau est un organe sensible au monde, il a non seulement la capacité à se développer, mais à se modifier en adaptant ses réseaux et structures complexes selon l’histoire et le milieu spécifiques de chacun, et ce tout au long de votre existence. Que des personnes puissent s’orienter librement est donc possible, mais cela ne doit pas être compris comme une validation du libre arbitre et de la volonté individuelle, mais plutôt comme une invitation à analyser ce qui a dans leur parcours rendu possible cette orientation. Lors de cette conférence, nous explorerons l’équilibre subtil et précieux qui permet la singularité de trajectoire académique et professionnelle tout en la liant aux systèmes d’influence dans lesquels elle se situe notamment aux récits normatifs entourant les parcours d’ingénieurs et de la réussite.

Deux témoignages :

  1. Par Nicole BOMO, déléguée IESF-Alsace, Mulhouse

Samah Karaki, docteure en neurosciences, nous a donné un exposé pertinent sur l’intelligence et le cerveau. Il est incontestable que certains réussissent mieux que d’autres. Don rare, intelligence innée, qu’en est-il exactement ?

Tout au long de l’histoire scientifique, des chercheurs ont cherché à définir des méthodologies pour déterminer l’intelligence, ex : taille, bosse du cerveau. Toutes ont été instrumentalisées pour déterminer que l’homme blanc riche méritait sa position de pouvoir puisque biologiquement il était supérieur aux autres. Encore de nos jours, des pensées pseudoscientifiques montrent que le niveau génétique est lié au cerveau.

Samah Karaki a expliqué que justement, aucun avantage génétique ne permet de réussir. Notre capacité mentale ne dépend pas que de nous. Notre cerveau est façonné par toutes les voies de la vie et la structure sociale est déterminante, d’où l’importance de la formation et de notre environnement social, culturel et géographique, dans notre réussite personnelle.

  1. Par Marine AUVERT, déléguée IESF-Alsace, Strasbourg

Après une introduction sur les neurosciences comme moyen d’éclairer nos comportements et sur les mythes démentis par l’imagerie cérébrale, Samah Karaki a explicité comment le cerveau se construit des certitudes à partir d’éléments partiels ou incertains.

Nous retiendrons que l’apprentissage est un processus créant des automatismes. Et que les automatismes permettent au cerveau de créer du sens là où les éléments de certitudes manquent. Les apprentissages des normes sociales créent ainsi des automatismes sous la forme de croyances acquises dès l’enfance, qui influent sur le choix de l’orientation professionnelle.

L’orientation serait le résultat de ses propres désirs et le niveau de diplôme atteint adapté à ses capacités intellectuelles ? Malheureusement ces perceptions sont largement construites par l’environnement social. Les études confirment ainsi que le choix d’orientation, tout comme le niveau de santé d’ailleurs, reste fortement corrélé avec l’origine sociale.

Finalement, reconnaitre que nous sommes chacun pétris de biais et de croyances, certaines limitantes, nous permet non pas de les supprimer mais d’en réduire l’impact au moment des prises de décision. En complément, le regard des enseignants tout au long du parcours scolaire joue un rôle crucial dans l’ouverture des perspectives pour les enfants. L’école a donc un rôle unique à jouer pour contrebalancer le déterminisme social.

De 14h30 à 17h00 : 3 ateliers transdisciplinaires inter-entreprise, format WorldCafé

Pourquoi la composition et le fonctionnement des équipes d’experts sont-ils des enjeux clefs dans un environnement complexe et incertain ? Quels sont les apports des neurosciences en matière d’aptitudes et appétences individuelles et de recrutement/intégration des experts ? Revitaliser le fonctionnement de vos équipes d’experts est-il devenu un impératif ? Et si nous en discutions tous ensemble ?

Une trentaine de professionnels ont participé aux ateliers (Chercheur, RH, managers, responsables R&D, innovation, directeurs d’école d’ingénieurs, responsables de recrutement …).  Ils ont partagé leurs meilleures pratiques, leurs expériences et ont échangé leurs questions sur l’évolution des métiers.

3 ateliers, 3 thèmes de réflexion :

Atelier N° 1 : Quels ajustements dans vos équipes d’experts en période d’incertitude, de crises et ruptures ?

Atelier N° 2 : Recruter et intégrer différemment des experts : nécessité ou effet de mode ?

Atelier N° 3 : Comment revitaliser le fonctionnement de vos équipes d’experts ?

Restitution synthétique rapide des échanges des différents ateliers :

  • Par Marine AUVERT, IESF-Alsace

En petits groupes, les participants ont échangé leurs questionnements, problématiques et bonnes pratiques autour du sujet des équipes d’experts.

–     « Quels ajustements dans vos équipes d’experts en période d’incertitude, de crises et ruptures ? »

o   L’incertitude ambiante est-elle si nouvelle que cela ?

o   La période d’incertitude actuelle influence-t-elle le quotidien des experts ? Si oui, comment ?

o   Quelles sont les limites d’application des approches d’ingénierie classiques (planification, Lean management, waterfall…) ?

o   Il n’existe pas de méthode universelle, il s’agit d’adapter l’approche au degré d’incertitude.

o   Attention aux injonctions contradictoires dans les organisations : innovez mais attention aux risques…

–     » Recruter et intégrer différemment des experts : nécessité ou effet de mode ? »

o   Définition d’un expert au niveau de RH ?

o   Est-on considéré expert pour la vie ?

o   Quelle définition de la culture d’entreprise ?

o   Comment prendre contact avec un expert ?

o   Comment fidéliser un expert ?

o   Y-a-t-il des différences entre les experts selon l’âge ?

–    « Comment revitaliser le fonctionnement de vos équipes d’experts ? »

o   Comment valoriser l’engagement à long terme, malgré les échecs ou sur des sujets apparemment ingrats ?

o   Quels sont les leviers efficaces et pertinents de motivation ?

o   Comment mesurer l’expertise ?

o   Comment créer la confiance au sein d’une équipe qui se connaît peu et à distance ?

o   Comment gérer l’équilibre émotionnel pendant les réunions et au sein de l’équipe ?

o   Quel sont les moyens de rendre une équipe autonome, s’affranchissant du manager ou du chef de projet ?

M. Raphaël DUBOIS, expert RH, délégué « Villes d’Alsace » et « Recrutement Bénévoles », a modéré l’un des ateliers. Tél. 06 46 45 11 24

En conclusion :

La JNI 2024 d’ IESF-Alsace a eu un franc succès, tant à Strasbourg qu’à Mulhouse, en raison du thème choisi

Les ateliers, réunissant des chercheurs, RH, managers, responsables R&D, directeurs d’école d’ingénieurs, responsables de recrutement …, des personnes du monde de la recherche, des écoles et des entreprises, soit un savant équilibre de théoriciens et de praticiens, étaient particulièrement appréciés par les participants (propos entendus lors de réunions récentes)

Willy KRESSER, secrétaire IESF-Alsace

 

 

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