Une anthropologie de l’invisible

Maisons hantées, fantômes, esprits… De la Mongolie à la Grande-Bretagne, l’anthropologue Grégory Delaplace enquête sur les différentes façons dont les morts se manifestent auprès des vivants. Il prend les « apparitions » au sérieux, refusant de juger a priori ce qui relève d’une vérité scientifique ou d’une illusion de la croyance.

Vos recherches portent sur « l’anthropologie de l’invisible ». Comment pouvez-vous étudier quelque chose qui ne se voit pas ?  
Grégory Delaplace1. À vrai dire, l’anthropologie n’étudie que des objets « invisibles ». L’étude de la croyance en des êtres spirituels y figure en bonne place depuis les débuts de la discipline, puisque l’un de ses premiers théoriciens, l’anthropologue britannique Edward B. Tylor (1832-1917), en faisait dès 1871 le dénominateur commun à toutes les religions, une sorte de degré zéro de la pensée religieuse, qu’il proposait d’appeler « animisme ». Mais un grand nombre de concepts centraux en anthropologie, comme la « culture », la « nature », la « société », désignent des choses invisibles. Les anthropologues ont d’abord dû se convaincre qu’il existait des choses « invisibles », comme la culture ou la société, qu’on ne pouvait pas pointer du doigt, mais dont on pouvait étudier les manifestations dans diverses circonstances de la vie collective. Et c’est d’ailleurs le sens de notre discipline que de rendre ces concepts visibles en tant que composantes des mondes que les humains façonnent et habitent, car ces notions ordonnent la diversité des façons dont on conçoit notre monde, dont on cherche à le transformer ou à interagir avec lui.

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Cet article Une anthropologie de l’invisible est paru initialement sur CNRS News National.

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