Porter un regard rétrospectif sur l’école, et sur le chemin parcouru depuis mars 2003, lorsque l’ENSAIS a rejoint le réseau des INSA, telle est la mission que Arts et Industries m’a confiée.
C’est bien sûr un plaisir pour moi, toujours teinté d’émotion, de venir évoquer l’école, alors que nous l’avions déjà fait ensemble il y a 10 ans. En relisant l’article publié dans la revue en juillet 2007, (ndlr. revue Arts et Industries n°260) je reste dans la continuité de mes convictions et mes propos : non seulement l’école a fait les bons choix, mais elle poursuit son chemin en veillant à développer sa notoriété et à consolider sa place tant sur le territoire régional qu’au sein du réseau des INSA. C’est un challenge permanent que l’école relève avec l’appui indéfectible de ses diplômés. En soient-ils remerciés, avec une attention toute spécifique pour notre ami Jacques Prenveille, qui nous a récemment quittés. Ce soutien de l’association est précieux et indispensable.
Oui, l’INSA de Strasbourg a conservé et ravivé les ambitions que nous formulions, les valeurs que nous partagions. Et les fondements du réseau des INSA ont trouvé sans difficulté un écho dans l’esprit qui depuis toujours anime les diplômés du Boulevard de la Victoire (et bien sûr leurs prédécesseurs !).
Mais il ne faut pas s’en contenter: l’enseignement supérieur et la recherche tant français que mondiaux vivent des évolutions rapides, profondes, auxquelles il faut toujours essayer de se préparer pour « avoir un coup d’avance ».
Le changement est permanent, et l’appartenance à de véritables réseaux maillés est devenue un vecteur essentiel du positionnement, voire de la pérennité des établissements.
Sur le territoire, l’INSA de Strasbourg a confirmé son rôle de pilier au sein de l’association Alsace Tech, créée en 2007, qui rassemble toutes les Grandes Ecoles d’Alsace : ingénieurs, architecture, art et management. Accompagnée par les collectivités territoriales et les entreprises, qui apprécient le pragmatisme et l’esprit innovateur des futurs diplômés, Alsace Tech renforce la lisibilité et l’attractivité des écoles, tout en travaillant plus étroitement avec l’économie régionale et en proposant des interventions qui croisent les compétences des différentes écoles.
Après un tout premier Contrat d’Objectifs et de Moyens, mis en place sous l’impulsion du Président Adrien Zeller en 2008, entre la Région Alsace et l’INSA, Alsace Tech a poursuivi la démarche, avec deux Pactes Ingénieurs successifs pour soutenir les formations régionales d’ingénieur, et suggérer des axes de développement alliant l’intérêt du territoire et les forces académiques.
L’école a achevé simultanément de prendre toute sa place dans le réseau des INSA, qui s’est lui-même élargi avec l’intégration d’un sixième établissement métropolitain, l’INSA Centre Val de Loire, l’ouverture d’une antenne au Maroc et le passage au nombre de sept écoles partenaires. C’est un vecteur de dynamique et de notoriété essentiel pour l’ensemble du réseau, qui prouve sa vitalité et son ouverture.
En son sein, l’INSA de Strasbourg a rénové sa pédagogie, développé des partenariats universitaires robustes et diplômants à l’étranger, étoffé ses formations en alternance, consolidé sa recherche au sein du réseau de laboratoires alsaciens voire au-delà. Ses ingénieurs, qui côtoient au quotidien les architectes, ne sont pas des généralistes : ce sont bien de futurs experts, dans leur domaine ; mais ce sont des experts ouverts ; ils ont appris pendant leur cursus à écouter et à comprendre, voire à parler le langage des autres experts, grâce aux nombreux projets croisés conduits à l’école, qui en sont le ferment. C’est une vraie force reconnue et appréciée auprès des milieux professionnels.
Pour finir sur cette approche plurielle, et avec une touche plus personnelle, je me remémore comme si c’était hier mes études à Boston en 1972, en « biomedical engineering », domaine alors naissant en France. Quelles avancées fructueuses depuis lors, telles que celles du laboratoire I-Cube (laboratoire de recherche sous l’égide du CNRS, de l’Université de Strasbourg, de l’ENGEES et de l’INSA) qui rassemble toutes les disciplines autour de cette spécialité ! Jusqu’où saurons-nous aller dans la synthèse des enthousiasmes et des expertises scientifiques, rapprochant les ingénieurs, les architectes, les scientifiques?
J’en éprouve une grande satisfaction, qui conforte ma confiance en l’avenir de l’INSA de Strasbourg et plus avant, en l’avenir de la science au service de l’Homme.
Marie-Christine CRETON
Ancienne directrice de l’INSA de Strasbourg